Lors d’un voyage en Mongolie, j’ai eu le plaisir d’échanger avec un chaman nommé Javkhaa autour de son lien particulier avec la nature et ses esprits. La Mongolie à cela d’exceptionnel qu’elle nous fait voyager au cœur des éléments rien qu’à l’évocation de son nom. C’est un pays à la fois rude et attachant, avec une nature aussi sauvage qu’envoûtante. Le pays des esprits de la nature et des « Ovoo ». Ces constructions en pierre surmontées de drapeaux tibétains aux cinq couleurs avec lesquels le vent joue, font partie intégrante du paysage et permettent la rencontre entre le monde des esprits et celui des hommes, un lien entre le haut et le bas, un centre d’équilibre des forces de ce monde. Si vous voulez vous mettre en accord avec le lieu, vous devrez tourner trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre, tout en faisant votre éventuelle demande et en déposant des offrandes, que cela soit une pierre, un morceau de bois ou autre. J’ai beaucoup aimé cette notion d’échange et de partage, le visiteur n’étant pas là pour prendre mais pour échanger.
Depuis ce voyage, je laisse toujours une pierre polie en cadeau à chaque fois que je vais en forêt ou lorsque j’emmène un personne pratiquer mes chemins de reconnexion. On apporte bien un présent lorsque l’on est invité chez des amis en signe d’amitié et de remerciement, pourquoi ne pas faire la même chose lorsque nous allons à la rencontre de la nature ?
La Mongolie, c’est également le pays des grands espaces. Un lieu parfait pour vous retrouver avec vous-même, au cœur d’une nature sauvage qui ne demande qu’à être apprivoisée et à partager avec vous le meilleur d’elle-même. Un pays avec des forêts de contes de fées, où la grêle peut arriver aussi rapidement qu’elle disparaîtra en vous laissant ébahi par le premier rayon de soleil se posant sur ces arbres moussus et centenaires. Sans oublier ces temples parfois millénaires, posés sur une montagne sacrée et surplombant la steppe de toits colorés et de stupas, ou émergeant dans une plaine balayée par les vents et entourés de têtes de bétails, seuls représentants du monde animal à des kilomètres à la ronde.
Introduit dans la yourte au milieu d’une cérémonie, c’est les yeux cachés par une rangée de tresse tombant de son couvre-chef et habillé de costumes adéquates pour entrer en relation avec les esprits, son tambour à la main qu’il sortit de sa transe pour m’offrir un regard d’une incroyable bienveillance.
Le temps de revenir de ce voyage initiatique, il me parla de sa façon d’observer la nature avant de pouvoir travailler avec elle, de la manière dont il l’écoutait et la respectait. Expliquant que les esprits de la nature ne sont pas en attente de l’homme, mais qu’il faut plusieurs semaines pour s’accorder avec eux, et qu’il faut donc prendre son temps ! Il me parla de l’importance des vibrations du son dans les rituels. Une note a le pouvoir de pénétrer l’ensemble de votre corps autant par sa sonorité que par sa vibration, brute, primaire et enveloppante, à la fois, consciente et inconsciente. Elle qui vous place en résonnance avec l’invisible. Un rythme qui vous permet de comprendre que la barrière entre nous et le monde naturel, voir surnaturel, est sans doute plus mince que ce que l’on veut bien imaginer. Je ressentis une véritable émotion lorsqu’il me présenta cinq des différents esprits avec lesquels il communiquait, tant tout cela semblait si réel, sinon aisé et évident.
Comment notre société dite « civilisée » a pu laisser derrière elle tant de sagesse et de connaissances sur le lien entre l’Homme et la nature est une des questions que je me suis posé en sortant de sa yourte. Je me sentais partagé entre la gratitude pour cet échange avec cet homme si bienveillant et la frustration de ne pas aller plus loin… mais l’immensité des steppes m’attendait, et je ne fus pas déçu.
Il me semble que de nos jours, dans nos sociétés de consumérisme effréné, nous devrions reconsidérer ces traditions millénaires issues de la nature pour calmer des envies sociétales qui nous éloignent de plus en plus de l’essentiel. De mon côté, il est certain que cette rencontre a contribué de changer mon rapport à la nature et aux énergies qui s’en dégagent. C’est aussi pour montrer que tout le monde peut se placer en harmonie avec la nature que j’ai écrit les « Chemins de reconnexion ». tout le monde ne peut pas devenir Shaman, mais tout le monde peut ressentir le lien inné avec la nature et en partager les bienfaits.